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Psychiatrie - Maltraitance - Aix-en-Provence - Montperrin - Photo de la tombe prise le 24.12.2016
Psychiatrie - Maltraitance - Aix-en-Provence - Montperrin - Photo de la tombe prise le 24.12.2016

Psychiatrie - Maltraitance - Aix-en-Provence - Montperrin - Photo de la tombe prise le 24.12.2016

Dale Nathalie. Pour la troisième année consécutive, un Noël sans elle

 

 

 

 

Nathalie Dale, née le 21 mai 1970 à Cagnes-Sur-Mer.

Décédée le 31 janvier 2014 à Aix-en-Provence.

Enterrée le 27 février 2014.

victime à la fois de traitements médicamenteux, de traitements psychiatriques abusifs,

d'un internement illégitime et lourd de conséquences,

dépossédée de son enfant, de ses biens et de sa dignité.

 

 

Le cas de Nathalie à une signification globale et humaine sur des formes d'injustices qu'elle a subies en France. C'est de l'inhumanité grandissante profondément institutionnalisée. Détruite par des traitements psychiatriques imposés. Dépossédée de son enfant dès la première minute de sa naissance à l'hôpital le 30 mars 2010 à 10h00. Dépouillée de ses allocations. Le tout dans un silence violent. Je n'arrive pas à le croire, et pourtant c'est la réalité la plus crue, inquiétante et angoissante dans un pays où la valorisation des inversions a franchi l'inacceptable et l'insupportable.

 

Pour la troisième année consécutive, Nathalie Dale n'est plus là avec nous pour célébrer la fête de Noël de 2016. Trois ans de privation fatale d'une personne, d'une inconnue devenue connue et d'une citoyenne d'un mois qu'elle aimait comme un pauvre affamé aimait un morceau du pain. Comme un oiseau aimait la goûte d'eau dans le désert.

 

Le seul mois qui lui portait bonheur et sérénité dans son être et son existence spatio-temporelle. Le mois de décembre. Tout se présente pour elle dans ce mois comme une fin et un début. Une fin du mois de l'année, un dernier mois de l'année et un début pour une autre qui arrive dans l'incertitude pour devenir certitude par des actes simples et sincères. « C'est la sincérité qui rend tous nos actes beaux et honorables ». Gibran Khalil Gibran (1883-1931). Elle lisait Gibran, Platon, La République, Julia Kristiva surtout Sens et non-sens de la révolte. Le dernier livre qu'elle m'avait offert pour Noël c'était celui d'Edward Saïd, A contre-voie. Une très belle biographie d'un grand intellectuel Américano-palestinien qui nous livre au travers de son expérience les clefs d'un monde complexe, traversé de multiples zones de fracture. Elle le connaissait et elle connaissait le goût de mes lectures.

Une fois, je lui ais demandé pourquoi tu aimes trop ce mois chargé de froid . Elle m'avait répondu que c'est normal. Décembre est le dernier mois de l'année. Il part vite malgré ses longues nuits. Il nous ramène les fêtes. La fête de Noël et la fin de l'année. C'est dans ce mois que je deviens gourmande. Je mange les noix de Saint Jacques poêlées et les crevettes. C'était tout à fait vrai. Elle aimait prendre place en face du sapin bien décoré et entouré d'une guirlande lumineuse comme des étoiles dans un ciel dégagé.

Tout a changé dans sa vie, dans ma vie et dans notre vie non à cause du temps et ses aléas mais à cause d'avoir trop fait confiance au temps de l'espoir dans un lieu de non espoir, de désespoir et de déceptions successives. Ce temps-espace aride et insensible nous a trahi par ce que nous étions nous-mêmes, parce qu'elle était elle-même et parce que j'étais moi-même.

 

Sans trahir ma sensibilité de base,

 

- je suis consterné et indigné de ce qu'ils ont fait pour empêcher Nathalie de vivre une vie normale.

- Je suis stupéfait de l'ampleur des mensonges érigés en vérités dans une collusion mortifère entre tout ce qui pourrait représenter une société de référence et de droits de l'homme.

- Je suis troublé par la profondeur de l'indécence des acteurs institutionnels mandatés pour servir des citoyens en état de besoin et d'aide se transforment en prédateurs qui les achèvent jusqu'à la destruction totale.

- Je suis atterré du silence violent du monde local d'Aix-en-Provence sur ce que ces acteurs ont infligé à Nathalie parce qu'elle était elle-même.

 

Je viens de loin, avec ma sensibilité de base et ma radicalité humaine pour découvrir un pays entretenu dans un ensemble de représentations positives, plus que positives, mais je découvre l'inattendu, l'imprévu et l'insu. Je découvre la réalité d'un spectacle concocté dans une synergie ahurissante et incroyable. Un vrai visage d'un ensemble de machines institutionnelles complexes conçues pour réduire les vulnérables et les fragiles à des unités statistiques mises dans les rubriques de non utiles, de non fiables et non rentables.

 

Nathalie. Qu'a-t-elle fait pour qu'elle soit totalement écrasée et mise en pièces défigurées ?

 

J'ai compris qu'il y a des vérités interdites dont on n'en veut pas parler. Parmi celles-ci, il y a la psychiatrie, outil idéologique aux fonctions transversales, conçu pour tuer au nom des « soins », interner au non de la "sécurité", exclure au nom de la non conformité aux normes imposées, qui ne sont que des présupposés d'une domination à caractère social qui transitent par des institutions pour « légitimer » des décharges violentes sur les faibles.

J'ai compris qu'au nom de la « protection des majeurs », les « incapables » sont réduits à des petites choses à travers lesquelles tout est permis pour déposséder au nom de la justice, au nom de l'Etat et ses serviteurs.

 

Dans son célèbre ouvrage, Stanislas Tomkiewicz le résume dans un passage qui mérite une attention particulière. « … j'ai toujours considéré la violence de l’État a priori plus condamnable et plus contraire à mon sens de la justice et de la morale que celle des petits marginaux. Sans avoir une sympathie spéciale pour les délinquants, les caractériels, les terroristes, je les préfère, de manière viscérale, à certains agents de l’État avec ou sans uniforme qui donnent libre cours à leur sadisme et leur paranoïa sous prétexte de défendre l'ordre, même injuste, et je suis toujours ému par la Grasse Matinée de Prévert lu en 1945, avec cet homme qui a faim, et qui regarde des sardines, « protégés par des boîtes, protégées par des vitres, protégées par des flics... » P. 152. L'adolescence volée. Ed., CALMANN-LEVY.1999.

 

Elle aurait pu être avec nous s'il y avait juste un milligramme d'humanité dans l'ensemble de leurs lois, leurs arrêtés et dans leurs ordonnances. Il y avait seulement le souci d'imposer dans des formes plus violentes leur volonté pour faire mal, trop mal aux personnes déjà en état d'épuisement.

Par leurs actions et leurs soucis de défendre un ordre injuste, ils excellent dans la démonstration de leur puissance devant des personnes impuissantes. C'est ainsi que la comédie sécuritaire s'achève dans une hilarité sociale et médiatique. Quel paradoxe !

 

Ils ont cru que par des moyens et mécanismes mortifères présentés dans des couleurs fallacieuses arriver à supprimer dans leur calcul sécuritaire une personne faible, anéantie et dépossédée de tout pour donner l'impression que la loi et le droit sont faits pour protéger et sécuriser. Protéger qui ? sécuriser qui ?

Ils se sont trompés en amont et en aval de leur calcul. Nathalie, bon gré mal gré, est là avec nous à travers les modestes témoignages de son compagnon M'hamed EL Yagoubi et dans ses manuscrits.

 

Son compagnon est allé ce jour de 24 décembre 2016 au Grand cimetière de Saint-jean à Puyricad où il l'a enterré dans la dignité le 27 février 2014 à 17h. Le lien ici : http://cvjn.over-blog.com/2015/10/dale-nathalie-une-lutte-pour-la-dignite.html

Il a passé une heure devant sa tombe pour lui dire que cette trahison hexagonale bien identifié à Aix-en-Provence renforcée par le silence violent de tout le monde est symptomatique d'un état d'extinction cérébrale de cette société et une preuve de plus manifeste de l'indifférence quasi-totale et des Français, pas tous mais la plupart, et des médias. Est-ce qu'un problème culturel ? Je ne sais pas. Est-ce qu'un problème d'information et de connaissance ? Je ne le crois plus ? Est-ce qu'un problème de civilisation ? Je le pense sincèrement. Déjà le concept de décivilisation a vu le jour. Le lien ici :

http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/la-france-dans-une-impasse-de-187041

 

 

Il est là pour vous dire ce qu'on refuse d'entendre. Pour vous rappeler qu'il se bâtait pour sa dignité et qu'elle est là à travers lui, à travers ses écrits . En paraphrasant Bernard Dugué (Scientifique, philosophe, écrivain-chercheur), « même si ce qui vient d'être écrit ne me plaît pas. Mais c'est ce qui devait être écrit. L'écriture est sévère mais c'est l'écriture. Je n'ai pas la prétention de dire la vérité, je dis ce que je pense. Avec une vision peut-être distordue, comme la plupart. »

 

A travers Nathalie, j'ai découvert l'horreur qu'on évite de voir sans pour autant se poser des question comment faire face.

Se poser des questions sur les artisans de la maltraitance psychiatrique et les spéculateurs de la tutelle et curatelle ne mène à rien si le fondement culturel et civilisationnel de cette société n'est pas interrogé sur sa déshumanité grandissante érigée en modèle de référence pour la modernité et le droit humain. Le véritable rôle des institutionnels consiste justement à affaiblir les institutions qu’ils sont censés représenter et défendre. Ils les affaiblissent par des moyens actifs dans l'ombre pour qu'elles laissent la voie libre à l'inacceptable de prendre place et de devenir une norme. Par leurs actes déconnectés du réel et de la souffrance des écrasés et des dépossédés, ils ont eux-mêmes créé toutes les conditions pour que la méfiance s'installe contre eux et contre leurs logiques.

D'entrée de jeu, celle-ci n'est plus une qualité négative, elle est même une forme d'intelligence qui s'impose face aux prédateurs institutionnels, psychiatres, juges de tutelles et agents des services connexes. Ce sont eux qui ont abusé de la confiance de Nathalie, de la mienne et autres. Ce sont eux qui ont répondu à ses appels d'aide par la répression et l'anéantissement. Et pourtant, nous savons toutes et tous qu'avec l'aide, minime qu'elle soit, une situation désespérée peut très vite évoluer.

J'ai vu ces horreurs, j'ai vécu des hostilités à tous les étages de responsabilité à Aix-en-Provence, coupable d'avoir tout mis mon énergie dans une confiance naïve à ces institutionnels et professionnels pour obtenir ce que je voyais utile pour la victime, même un petit geste, tout simplement un petit geste qui ne demande aucune dépense dans sa production pour faire place à une citoyenne broyée mais elle n'était pas encore en état d'extinction, elle attendait ce qui n'arriverait jamais. En reprenant cette belle citation interrogative d'un poète Québecois Wilfrid Lemoine (1927-2003) : « La réalité est-elle plus entière dans le geste que l'on pose ou dans celui que l'on retient ? ». Tout a été retenu contre elle y compris une petite chance pour survivre. Dans beaucoup de situations de désespoir, les animaux ne restent pas insensibles pour sauver ou aider leurs compères en détresse et de mort au risque de payer de leur vie, qualité en voie d'extinction dans les relations humaines dans cette société de spectacle et de tourner le dos.

 

 

De la confiance naïve et la méfiance

 

Ce n'est pas le propre d'une société moderne de bannir cette qualité précieuse indispensable à être social et citoyen. La confiance n'est pas à acheter ou à vendre, mais elle est du construit individuel et collectif. Elle façonne notre existence relationnel de façon ascendante et descendante. Malheureusement, elle est une référence manquante dans le système de communication et de relation entre ceux qui ont le pouvoir et ceux qui ne le possèdent pas. Par leur silence violent et leur acharnement systématique, ils ont crée des conditions tangibles pour que la méfiance s'installe. Paul Léautaud (1872-1956) disait : « La méfiance est toujours pour moi une des formes de l'intelligence. La confiance une des formes de la bêtise. ». Passe-Temps, Paris, Mercure de France. 1928.

 

Leur discours sur une démocratie confisquée et dépossédée de toute référence minime qu'elle soit, n'offre guerre une assurance minimale contre des injustices et les formes de l'oppression manifestes par excès dès que la psychiatrie fait des victimes qui ne sont pas des personnes malades mais ce sont des personnes empoisonnées à vie.

 

A cette occasion de la fête de Noël et de la fin de l'année, à travers le cas monstrueux de Nathalie qui s'inscrit dans une large signification globale de la maltraitance psychiatrique et l'abus systématique des logiques de tutelle et curatelle, j'exprime toute ma pensée pour elle et pour toutes les victimes connues et non connues, hommes et femmes, jeunes et adultes. Elles sont victimes à la fois de notre silence et indifférence de trop et de l'acharnement et l'escalade « thérapeutiques » médicamenteux conjugués aux formes de judiciarisation les plus abjectes qu'elles soient dans un système où les politiques s'engagent non pour servir et répondre aux attentes les plus élémentaires pour une vie digne et humain des vulnérables mais pour se servir.

Nous sommes à l'opposé de de cet axe mortifère. Nous nous engageons pour servir des causes justes, celles des personnes maltraitées et dépossédées. Le cas de Nathalie à une signification globale et dans la psychiatrisation et dans la dépossession.. Il est symptomatique des dérives dangereuses des logiques des « soins » inappropriés et des inversions des mesures de « protection » synonymes de destruction dans une insensibilité collective.

 

M'hamed EL Yagoubi

Compagnon de Nathalie

Collectif vérité et justice pour Nathalie

www.cvjn.over-blog.com

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