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La question fondamentale qui mérite une réponse courageuse est la suivant :
La psychiatrie a-t-elle vocation pour soigner ?
Mon expérience dans l'accompagnement de ma compagne à Aix-en-Provence, détruite par le système psychiatrique après de longues années de souffrance et aussi de lutte pour ses droits à la vie et à la dignité et après avoir été dépossédée de tout par le système de curatelle légitime mes interrogations profondes sur la véritable fonction de la psychiatrie elle-même. Quiconque franchit le seuil des établissements psychiatriques ne sortira jamais indemne.
Comment se fait-il dans un État de droit, les hiérarchies institutionnelles et l'ensemble des services concernés ont maintenu un silence violent et une ignorance volontaire de toutes les doléances et les appels au secours pour stimuler la production d'un geste humain si minime qu'il soit pour lui donner une chance d'être considérée une citoyenne normale.
Malheureusement, la passivité professionnelle et institutionnelle avait primé sur le sens et la responsabilité.
Monsieur le président ;
Bien que ce secteur de santé soit présent dans votre action et dans vos interventions, le problème n'est pas dans des ressources financières et humaines à allouer pour ce secteur mais il est dans le paradigme de la psychiatrie elle-même. Le fonctionnement cognitif complexe de l'individu, du sujet ou du "patient" ne se réduit pas au discours de la psychiatrie et non plus à ses diagnostics qui par le manque d'épaisseur épistémologique et anthropologique dans leur sanction contre l'intelligence elle-même dans ses dimensions multiples créent plus de problèmes que de solutions.
La cause des personnes victimes des pratiques psychiatriques médicamenteuses et de l’ignorance de leurs droits fondamentaux, il y en a beaucoup, engage la société entière dans les modifications de ses représentations sociales du "handicap" psychosocial pour mettre fin au regard déformé et insignifiant qui transite en cascades dans ses canaux de communication. Nous avons tous en nous quelque chose de handicap qui nous met d'entrée de jeu dans le différent et le semblable.
Les collectifs qui se battent depuis longtemps pour la dignité des personnes en souffrance psychique et victimes des pratiques psychiatriques inhumaines ont des expériences riches et douloureuses savent comment un tel fonctionnement de la psychiatrie actuelle est loin d'inscrire le droit du patient et de soulager ses souffrances. Ils s'inspirent dans leur action des principes des droits de l'homme et aussi de la Convention Internationale des Droits des Personnes Handicapées.
Je termine avec cette phrase de la Rapporteure Spéciale de la CDPH-ONU, Mme Catalina Devandas Aguilar : RIEN POUR NOUS SANS NOUS!
M'hamed EL Yagoubi
Collectif vérité et justice pour Nathalie
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