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Les contraintes psychiatriques.    De l'imposition à l'intériorisation

 

 

 

 

Les contraintes psychiatriques

De l'imposition à l'intériorisation

 

Ils ont dit: « Psychiatrie citoyenne». Un gros poisson d'avril

La psychiatrie est la négation des pesanteurs anthropologiques de l'humain

 

Le contexte dans lequel s'inscrit ce deuxième colloque organisé à Besançon, en France lundi 02 et mardi 03 avril 2019 sous le thème « La psychiatrie citoyenne, du rêve à la réalité » par l'association Les Invités au Festin : http://www.lesinvitesaufestin.fr/actualites/iaf-organise-son-2nd-colloque-international-de-psychiatrie-citoyenne/ s'inscrit dans un contexte national marqué par des effervescences sociales aux dimensions imprévisibles, et aussi dans un temps caractérisé par la monté en puissance à l'échelle nationale et internationale des mouvements informels et formels contre le déni des droits des millions de personnes coupables d'avoir transité par le système psychiatrique et d'être porteuses des étiquettes psychiatriques, collées dans des contraintes «légales».

Ma posture s'inscrit dans le cadre d'une expérience vécue et travaillée en amont et en aval des processus d'accompagnement d'une proche dans des démarches multiples pour ouvrir une brèche si étroite qu'elle soit, afin de la libérer d'un ensemble de contraintes psychiatriques imposées par l’État et ses suites institutionnelles et administratives.

Le contexte est bien défini dans l'ensemble de mes publications et mes interventions formelles et informelles, codifiées dans le blog dédié à une vie volée et pulvérisée d'une citoyenne à travers laquelle, j'ai découvert qu'il ne s'agit pas d'un cas isolé, mais des faits de maltraitance et de dépossession symptomatiques d'une inhumanité grandissante rampante dans une société orientée vers la mort morale.

L'ensemble de ces publications se résume ainsi : «Si l'ensemble des services concernés avaient pris en compte seulement une petite partie si minime qu'elle soit, des rapports qui leur ont été communiqués, la victime aurait pu être sauvée. Malheureusement, ils n'avaient rien fait. Leur silence violent est symptomatique des horreurs de la démarche descendante dans le rapport aux citoyens fragiles, coupables d'être fragile dans un État qui se dit de droit et de fraternité».

En somme. La proche a été détruite le 31 janvier 2014 à Aix-en-Provence à l'âge 43 ans après de longues années de souffrance et de maltraitance psychiatrique et socio-judiciaire organisée dans des contraintes mortifères jusqu' la la dernière seconde de sa survie, laissant derrière elle, un enfant né le 30 mars 2010, enlevé immédiatement par la soi-disant juge de tutelle avec la complicité active d'une psychiatrie et ses collaborateurs sans jamais pouvoir le voir en dépit des démarches juridiques et sociales à tous les niveaux de responsabilité locale et régionale.

Je m'interroge ici sur la signification de cette appellation de «psychiatrie citoyenne» mise en exergue dans les médias alors qu'il était plus audacieux de reconnaître que la psychiatrie est la négation même d'être humain avant d'être citoyen.

Soumettre une personne innocente et fragile deux fois, femme et pauvre à un complexe de contraintes psychiatriques médicamenteuses soutenu par une soi-disant justice dans un État qui se dit de droit et de liberté pour lui imposer des «soins» nocifs et destructeurs jusqu'à sa liquidation psychologique et physique est un crime contre l'humanité. Un crime commis dans un silence violent et dans une impunité totale en dépit des plaintes et des doléances d'anticipation des processus de destruction. Elles sont symptomatiques d'une posture effrayante de soi-disant spécificité française de ce qu'on entend des droits de l'homme et des conventions internationales des Droits des personnes handicapées, en l'occurrence, la Convention Internationales des Droits des Personnes Handicapées des Nations-Unies, CDPH-ONU, ratifié par la France le 18 février 2010.

Par contrainte, il s'agit seulement de forcer quelqu'un d'agir contre sa volonté et d'accepter ce qu'il refuse pour lui, même si ce refus pourrait être dans un temps plus ou moins déterminé.

Toute fois, si absolue que soit la contrainte dans l'univers de la psychiatrie, elle ne peut évidemment jamais s'annuler comme contrainte pour ses victimes, ni être intériorisée sans conflits, ni effacer la contradiction qui fait que l'identité de la personne « aux troubles mentaux ou...» supposés est attribuée à des collectivités humaines, traitées de sous-humaines à qui on dénie simultanément le droit de se définir elles-mêmes, ni surtout résorber l’excès permanent des violences institutionnelles et sociales pratiquées sans contrôle, manifestes dans des actes, dans des discours, dans des théories et dans des rationalisations intellectuo-médiatiques du premier ordre.

La violence des paroles psychiatriques et socio-judiciaires sont par leurs effets structurés, des actes de mépris et d'effacement de l'identité du sujet accusé par les diagnostics de n'importe quoi pour le transformer dans un rapport de dominants dominés en un objet inanimé par des procédés des neuroleptiques et des bombardements chimiques de son corps jusqu'à l’immobilisation cognitive et physique.

Faut-il attacher tant d'importance aux justifications qui conservent toujours la même structure, celle de déni de droit, de violation de l'intégrité psychologique et physique, privation de liberté, mise sous tutelle et curatelle pour l'incapaciter, etc., tout en passant du langage biologique ou bio-médicale, à la culture et à l'histoire de la victime ?

Or, les modèles théoriques ou les théories psychiatriques, je préfère parler ici de paradigmes, quelque soit leur origine de référence «scientifique» supposée, il est évidement qu'ils (les paradigmes) sont «rationalisés» par un cortège des acteurs de la faune des faussaires, payés et mandatés pour spéculer sur une qualité supérieure et complexe, dynamique et évolutive, multiple et au développement exponentiel : L'intelligence. «L'intelligence organise le monde en s'organisant elle-même». Jean-Piaget (1937).

Il n'y a pas de psychiatrie sans théorie sur le fonctionnement cognitif sans modèle théorique de référence «scientifique» et «explicatif». Il serait tout à vain de se demander si les modèles théoriques ou les paradigmes «scientifiques» de la psychiatrie sont issus des sciences mères, mais il est important de savoir qu'ils sont le produits des décompositions des formations sociales, économiques et disciplinaires qui ont fait émerger des regards «disciplinaires» concurrents et réducteurs sur un objet qui les ont «construit» dans une démarche descendante criminelle : Décomposer l'identité du vivant en un ensemble infini de dimensions et de zones d'influence non pour comprendre ce tout qui est le vivant dans son environnement, mais pour satisfaire des regards nés déformés dans une crise épistémique qui se manifeste dans la perception et la connaissance : La subjectivité versus l'objectivité.

Il importe au plus point de s'interroger sur la fonction que remplisse la psychiatrie érigée comme savoir agir sur le complexe du fonctionnement cognitif, et comment cette fonction dérive inexorablement dans la cristallisation et la fixation de la communauté qui s'institue autour du signifiant de la psychiatrie sans pour autant avoir la moindre inquiétude dans leurs pseudo-diagnostics.

Pourquoi les psychiatres développent de façon croissante des résistances à l'évaluation de leur pratiques professionnelles et référentielles ?

La réponse à cette question passe nécessairement par des interrogations sur sa fonction d'instituation de de cristallisation qui ne réside pas uniquement dans la capacité organisatrice générale des rationalisations intellectuelles de type accusateur mais elle réside plutôt dans son imposture masquée dans le paradigme bio-explicatif et bio-médical «savant» qui mime la discursivité scientifique en se fondant sur des «évidences» visibles, d'où l'importance des stigmates psychiatriques (schizophrénie chronique, altération cognitive ou mentale, déni, bipolaire, délire... )ou mieux qu'elle mime la façon dont la discrursivité scientifique articule des «faits visibles» à des causes «cachées».

La volonté de savoir, de surveiller et punir (Michel Foucault) et le désir de connaissance immédiate des rapports sociaux s'exercent dans une violence institutionnelle et sociale perceptible dans des logiques descendantes destructrices de toute possibilité de critiquer et de contester.

Dans la construction des modèles paradigmatiques de la psychiatrie, figure en effet que le «savoir» recherché, désiré par la société habituée aux discours descendants sécurisants et rassurants est un savoir élémentaire à visée pratique qui ne fait que justifier dans les sentiments spontanés ou la ramener à ses instincts sur le (malade mental, le fou, le dangereux schizophrène...) qu’il faut le mettre à l'ombre et l'enfermer. La psychiatrie est un instrument.

En somme. Les élaborations théoriques dans la psychiatrie et dans la sphère idéologique de la soi-disant santé mentale sont proprement démagogique dont l’efficacité provient de la réponse anticipée qu'elles procurent au désir de savoir de la société sur ses exclus, ses fous, ses hors-normes, ses dangereux malades... pour organiser leur mise à l'ombre et accélérer les processus de leur destruction psychologique par des mécanismes médicamenteux et judiciaires. Être psychiatrisé dans la contrainte c'est être expulsé de son humanité.

Vivre dans des «soins» imposés par la superstructure et ses agents c'est être sous couvre-feu. C'était le cas de ma compagne Nathalie à travers lequel j'ai découvert que ces horreurs psychiatriques légales sont le quotidien des centaines de milliers de personnes, voire de millions qui sont en attente dans le couloir de déshumanisation et d'exclusion de la cité pour servir un ordre oppressif et dominateur symptomatique d'une société conduite inexorablement à la mort morale par des acteurs de la faune des faussaires et les spéculateurs sur l'intégrité de l'identité du différent et de l'insoumis à cet ordre.

Il serait d'une stupidité au-delà de l'imaginable, voire de la complaisance professionnelle et intellectuelle de penser à une alternative à la psychiatrie psychiatrisante en France tant que les promoteurs de cette voie ne réussissent pas à rompre avec le paradigme psychiatrique dominant, avec le langage de la psychiatrie lui-même et avec ses mots accusateurs du fonctionnement cognitif systématisés dans des capsules nocives sous couvert de «diagnostics» et d'«expertises» et de «rétablissement». Ce ne sont que des méthodes de braquage des processus mentaux légalisées et soutenues pour briser et détruire l'esprit.

Dans son célèbre ouvrage, Comment fonctionne l'esprit (2000), Steven Pinker disait : «Toute les cultures humaines qui ont été décrites possèdent des mots pour désigner les éléments qui constituent l'espace, le temps, le mouvement, la vitesse, les états mentaux, les outils, la flore, la faune et la météorologie ainsi que des connecteurs logique (…). Ils combinent les mots en phrases grammaticales et utilisent les propositions sous-jacentes pour raisonner sur des entités invisibles comme les maladies...». Il termine par poser cette question qui dérange les scientistes : Pourquoi les fous aussi tombent-ils amoureux ?

N'est-il pas plus utile et plus naturel de partir de ce que le psychiatrisé aime et non de ce que le psychiatre pense de lui par le biais de ses diagnostics fallacieux ?

Réponde à cette question passe nécessairement par la capacité de se décentrer dans la relation psychiatre-patient. Une Condition nécessaire pour une intelligence écologique et une intercompréhension en tant que symbolisation et traduction de la confiance. Malheureusement, la logique de méfiance et d'accusation prime toujours dans le fonctionnement du psychiatre et dans son regard réducteur sur le sujet désigné de porteur de «crises et troubles mentaux». C'est toute la théorie de l'hypothèse du bidon vide (Benjamin Lee Whorf en 1941) qui pourrait expliquer et démontrer la tendance accusatrice de la psychiatrie et ses agents de conformité.

 

Conclusion

 

La destruction du complexe psychiatrique ne suppose pas seulement la révolte de ses victimes et leurs proches et amis, mais la transformation des psychiatres eux-mêmes et leurs suites, et par conséquent, la décomposition interne de la communauté instituée par la psychiatrie et ses supplétifs de la sphère intello-politi-co-médiatique corrompus par l'idéologie de la santé mentale.

Les inepties des diagnostics psychiatriques et les discours pseudo-scientifiques de l'idéologie de la santé mentale enferment les personnes dans leur infantilisme supposé dans une stratégie du chaos avec l'appui de la classe des soi-disant chercheurs corrompue pour signer sa complaisance ou son aveuglement sur les crimes commis au nom des «soins» en s'abritant dans leur paradigme bio-explicatif scientiste pour corrompre la société et la faire croire dans le signifiant biologique des «maladies mentales», qui par sa domestication, devient une clé de voûte des représentations sociales et collectives sur les personnes psychiatrisées. C'est du racisme savant.

 

M'hamed EL Yagoubi

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